Le Rat de la Conciergerie by Georges J. Arnaud

Le Rat de la Conciergerie by Georges J. Arnaud

Auteur:Georges J. Arnaud [Arnaud, Georges J.]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: L'Atalante (1998)
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE XVIII

Venu à pied, Hyacinthe repartit de même, le regretta. Les voitures faisaient gicler des éventails de neige dure sous leurs roues crantées et les fers à crampons des chevaux projetaient des morceaux de verglas. Des tas de neige édifiés par des boueux attendaient des jours durant les tombereaux qui les emporteraient en banlieue. Parvenu rue Vivienne, il fut de loin intrigué par tout un appareil policier devant l’étude. Une voiture de Jérusalem était arrêtée à l’entrée et deux autres attendaient plus loin, entourées de plusieurs policiers en bourgeois. Un fourgon cellulaire venait derrière. Que signifiait tout ceci ?

Quand il pénétra dans la salle des clercs, il ne comprit rien aux gestes frénétiques de Timoléon, lorsque deux gaillards lui sautèrent dessus et le poussèrent contre le mur.

— Voilà le fac-similé de l’autre, s’écria un des inconnus, passe-lui les tartouffes.

Une paire de menottes se referma sur ses poignets et il fut entraîné dans son propre bureau où il découvrit, pâle comme la mort, son jumeau réduit à l’impuissance en compagnie de Parturon.

Ce dernier paraissait fort ennuyé et cachait difficilement ses sentiments. D’une voix coléreuse il renvoya les deux policiers, referma la porte capitonnée sur eux.

— Que signifient cette mascarade et cette violence ? protesta Hyacinthe.

Parturon leva les yeux au plafond, soupira deux fois, parut incapable de répondre.

— Frère, nous sommes accusés d’avoir fait disparaître Séraphine qui menaçait de nous dénoncer.

— Comment cela, nous dénoncer ? Pourquoi ?

— Pour avoir durant des mois abusé de sa jeunesse et en avoir tiré des plaisirs répugnants. C’est ce qui est écrit dans le mandat d’amener.

Il lui désigna le document posé sur le bureau. Hyacinthe s’en approcha pour le lire.

— Voyons, c’est de la folie ! Nous n’avons jamais abusé de l’innocence de Séraphine.

— Maître, fit Parturon d’une voix lasse, l’aubergiste de Sotteville prétend que vous avez partagé le même lit. Les gendarmes de là-bas ont enquêté sur la fameuse histoire de madame Méricourt et, en voulant présenter son cadavre aux témoins chargés de l’identifier, ont découvert les scellés brisés. Le gardien a parlé d’un homme et d’une jeune fille venus voir la chapelle funéraire de la famille Escubier. Les gendarmes ont appris que vous étiez venus en vapeur depuis Paris pour repartir le lendemain. Entretemps une lettre anonyme signalait au parquet la disparition de Séraphine, affirmant qu’elle avait été assassinée au moment où elle allait dénoncer vos turpitudes.

— C’est une ignominie. Vous savez bien vous-même…

— C’est le Rat qui est chargé de l’instruction de votre mise en cause, et vous n’êtes pas sans savoir que cet homme ne lâche plus ses proies lorsqu’elles tombent entre ses griffes. Innocent ou coupable, lui ne fait aucune différence dès que vous pénétrez dans son cabinet.

Hyacinthe frissonna, regarda son frère.

Ce dernier, toujours aussi livide, essaya de lui sourire sans y parvenir.

— Je suis très ennuyé, avoua Parturon, mais je dois exécuter ce mandat d’amener.

— Voyons, Parturon, vous savez très bien qu’aucun de nous deux n’a jamais porté la main sur Séraphine.

— Il y a surtout la disparition, puis le rapport des gendarmes de Rouen.



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